La Tristesse

Telles les étapes d’un cycle qui rythme nos journées, nos années, et finalement notre vie, les émotions que l’on ressent au fil des expériences traversées jalonnent et définissent notre parcours. Si certaines de ces expériences sont indéniablement positives du fait de l’émotion agréable – la Joie – qui les accompagne (ivresse du premier amour, fierté de la réussite à un examen, euphorie d’une victoire sportive, etc.), d’autres peuvent en revanche représenter un mauvais souvenir, voire un douloureux évènement que l’on souhaite oublier.

Le simple rappel d’un échec, d’une séparation, d’une dispute, d’un deuil… peut nous affecter au point même de changer notre humeur. Cette émotion particulière qui cause regrets, mélancolie, pleurs, solitude, pessimisme, idées noires, c’est la Tristesse.

Mais sous cet aspect négatif que l’on craint généralement, cette émotion n’en reste pas moins essentielle. Elle définit notre sensibilité, et notre capacité à apprécier la valeur des choses que nous acquérons et perdons : une amitié par exemple. Tel le Yin au Yang, l’obscurité à la lumière, il n’est pas de Joie sans Tristesse ! C’est elle aussi qui nous enseigne une valeur sociale importante : l’empathie. Lorsque l’on observe une situation extérieure que nous avons déjà connue, nous comprenons la douleur que celle-ci peut provoquer et souffrons avec la personne qui la subit… ouvrant de ce fait la voie vers d’autres valeurs humaines non moins importantes : la compassion, l’entraide, la solidarité, la tolérance, etc.

La Tristesse est en revanche pathologique chez une personne vivant au travers elle, ne parvenant pas à la surmonter, ou encore n’en prenant pas conscience par peur de souffrir. Celle-ci aura alors pris le dessus, et l’harmonie émotionnelle est rompu. C’est l’absence de Joie, le blocage émotionnel, la dépression, la perte de goût à la vie… Du statut de réaction naturelle et saine, la Tristesse devient alors un mode de vie autodestructeur.

Vision de la MTC

En Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC), la Tristesse est l’émotion de l’élément Métal, dont la saison est l’Automne, les organes sont les Poumons, le climat est la sécheresse, le mouvement est le déclin, et l’ouverture est le nez.

Une forte Tristesse aura un double effet :

• elle affectera directement notre respiration qui sera courte, saccadée (pleurs), irrégulière…
• elle aura un impact dramatique sur l’énergie des poumons, dont la fonction est primordiale : capter l’énergie de l’air et la diffuser dans l’organisme.

L’apport en énergie extérieure étant perturbé, l’organisme puise dans les réserves d’énergie rénale innée (Yuan Qi), la plus pure et dont la caractéristique principale est d’être limitée en quantité (quand elle est vidée, c’est la mort). Une fatigue chronique s’installe alors, signe typique des cas de dépression par exemple.

Les reins sont la racine des sons, les poumons en sont les portes.

D’autre part, on dit que le haut et le bas du corps sont reliés par une liaison entre les poumons et les reins dans une relation Yin-Yang. Si cet équilibre est rompu, alors les problèmes respiratoires apparaissent et on observera : essoufflement, asthme, emphysème, toux, dyspnée, voix faible, etc.

Enfin, en MTC, on dit que les poumons sont les organes maitres de la peau (tissu protecteur des attaques externes). Une affectation de leur énergie entrainera invariablement un symptôme lié à cette couche, selon son degré d’intensité : irritations, peau sèche, eczéma, psoriasis, zona, etc.

Traiter un syndrome lié à une Tristesse encrée reviendra donc en MTC à travailler l’énergie des poumons, mais aussi celle des reins. En effet, comme nous l’avons dit plus haut, les énergies de ces organes sont intimement liées, ce que l’on retrouve sur le plan émotionnel : toute Tristesse est liée à une Peur, formant un puissant cercle vicieux qui s’auto-entretient. A long terme, une prise de conscience de l’origine de ces émotions sera par la suite une étape délicate mais nécessaire.